Dès la plus petite enfance j’ai aimé colorer, barbouiller, créer avec rapidité, rage et plaisir pour laisser
mes traces sur toutes formes de papier, bois, carton, tôle ondulée, etc. Barioler cahiers d’écolier, agendas et autres supports de cours, m’a extrait de mon quotidien solitaire pour vivre des aventures oniriques. Mes vacances d’été, je les ai partagées à Pont-Aven entre le plaisir de m’enliser dans la vase, nager dans l’eau glacé de cette rivière d’eau saumâtre et observer les feuillages du bois d’amour où Paul Sérusier a peint « Le Talisman ».
L’eau et l’essence de térébenthine m’ont conduit à l’expression gestuelle figurative le plus souvent aquarellée de teintes diluées.
Peindre, m’a ouvert l’esprit et poussé hors de mon territoire. Il m’a fallu résister à l’appel de la peinture
pour poursuivre mes études d’architecture jusqu’au moment où j’ai compris que je devais vivre avec. Les visites de musées et des expositions
de mes contemporains m’ont influencé et donné un sens à l’acte gratuit et puissamment égoïste de peindre.
C’est un temps pour soi. Un geste lié au regard qui extériorise l’intérieur, une étape spirituelle.
Après des études d’arts appliqués à Olivier de Serres passées à observer, créer et dessiner des nus et
des objets, j’ai poursuivi ma formation en suivant des cours de peinture de modèles vivants à la mairie de
Paris. Le plaisir de peindre m’a submergé et reste aujourd’hui un ciel de jouvence, une bulle d’air qui me
permet de respirer l’âme qui me guide.
Très peu exposé par peur et probablement par gêne, j’ai expérimenté des techniques et des sujets très différents sous la charpente de l’atelier.
S’exposer, c’est se heurter au regard de l’autre ou devenir l‘espace d’un instant son recueil. C’est prendre le risque d’être détesté ou aimé ou
pire, laissé indifférent. Peindre est un acte de respiration, de concentration qui conduit à un résultat graphique expressif qui contient des
maladresses, des trouvailles, des mélanges, des repentirs, l’instant de la réalisation qui fige dans le temps les couleurs et le sujet.
Figuratif, je peins avec le corps, et me délecte des matières étalées comme on cuisine. Mes sens vibrent, l’oeil scrute, mes mains fébriles
s’agitent trois ou quatre pinceaux entre chaque doigt et la matière coule en larges touches au- delà des contours. La finalité est un fragment
de peinture rien d’autre: Un morceau d’expression qui désormais évolue à l’extérieur et devient indépendant. Marqué du sceau du temps de sa
création parfois de plusieurs cartouches, le tableau devient un bien à part entière dans son cadre dessiné et personnalisé par son auteur.
Je remercie les galeristes pour leur confiance et leur choix d’exposer mes oeuvres. Peindre, exposer et vendre une toile est la poursuite d’une démarche de
connaissance de soi. Je peins depuis 35 ans, peu importe l’expérience, les oeuvres présentées sont issues de ce cheminement comme un murissement.
J’ai envie aujourd’hui de partager, de montrer mon travail tout simplement et de goûter au plaisir de le diffuser.
Suite à ce virage collectif mondial de 2020, cette année 2021 me semble le moment approprié pour maintenant exposer au regard du plus grand nombre
le fruit de mon travail de recherche et de trouvailles. La couleur dans toutes ses épaisseurs.